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Toussaint 2015 : les producteurs s'en sortent mieux

À la Toussaint, les chrysanthèmes multifleurs représentent toujours la plus grosse partie des ventes, principalement ceux cultivés en pots de 17 cm.PHOTO : ODILE MAILLARD

Un bon cru pour les producteurs, plus mitigé pour les distributeurs : tels sont les enseignements qui ressortent de notre observatoire des marchés pour les ventes de plantes de cimetières, toujours largement dominées par les chrysanthèmes.

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Cette Toussaint s'est déroulée dans un contexte favorable aux producteurs, moins aux commerçants : le jour J tombant un dimanche, le calendrier a favorisé la mise en place des plantes avec une pleine semaine avant le 1er novembre. Par contre pour la distribution, cette fête, positionnée sur un week-end sans pont, à la fin des vacances scolaires, n'a pas contribué aux achats du samedi et du dimanche.

Une météo estivale

Tout au long de la saison, la température a été de 1,5 °C au-dessus de la normale en moyenne sur la France, plaçant l'été 2015 au second rang des étés les plus chauds derrière 2003. Malgré les passages perturbés d'août, la pluviométrie, très faible jusqu'à fin juillet, a été déficitaire pour l'ensemble de cette période sur un grand quart nord-est du pays. En revanche, à la suite des fortes précipitations de juin et août, elle a été excédentaire du Languedoc-Roussillon à la Provence et au sud des Alpes, le cumul ayant atteint une fois et demie à plus de trois fois la normale. Servi par cette météo favorable, la Toussaint a été bien préparée d'un bout à l'autre de la chaîne de vente, tant en qualité de produit qu'en facilité logistique, mais le dernier week-end ne correspondant en rien à un temps de Toussaint, les ventes qui avaient bien démarré depuis le 15 octobre, se sont nettement tassées le samedi et le dimanche chez les distributeurs.

Côté assortiment, certains produits viennent à manquer

En ce qui concerne les chrysanthèmes, les variétés multifleurs représentent toujours la plus grosse partie des ventes, principalement les plantes cultivées en pot de 17 cm. Dans cette catégorie, les prix pratiqués par la concurrence en provenance des pays du nord, principalement la Belgique, tire toujours l'ensemble des étiquettes vers le bas. L'assemblage de trois couleurs cultivées ensemble dans un pot de 17 cm ou 19 cm a été bien demandé, le rapport volume prix étant plus favorable. En revanche, les assemblages de végétaux cultivés en coupes et jardinières ont rapidement rencontré une limite de prix et les clients se sont tournés vers les offres de prix plus attractifs.

Les variétés de chrysanthèmes à grosses fleurs ne représentent plus que 10 % de l'assortiment selon les régions. Ce type de culture nécessite beaucoup de main-d'oeuvre et de ce fait le prix auquel il faudrait les vendre est rapidement dissuasif. Cependant l'offre dans cette catégorie de produits est maintenant insuffisante en rapport de la demande restante et tout le disponible a été vendu, sans pouvoir cependant revaloriser le prix. Les chrysanthèmes cultivés en cycle photopériodique, principalement destinés à la composition de coupes et d'assemblage de plantes, gardent leur part de ce marché, sans plus.

Les cyclamens ont été très demandés, les prix étaient cependant assez tirés. En principe, la vente de ce produit s'étale jusqu'à Noël, mais la Toussaint a fait un sérieux prélèvement sur le disponible.

Les ventes de bruyères ont eu lieu normalement, la production étant de très belle qualité pour un prix très accessible. Les variétés de type Calluna ont été plus demandées que celles du type Gracilis.

Les ventes de bisannuelles en pensées et primevères se sont également très bien déroulées. Les quantités produites ayant été considérablement réduites, à la suite de plusieurs années décevantes, l'offre était cette année inférieure à la demande. Même constat pour les véroniques. Quelques introductions, comme les heuchères ou les graminées, modernisent l'assortiment des plantes à coupe.

Résultats variables selon les circuits et points de vente

Sans aucun doute, ce sont les horticulteurs détaillants qui ont le mieux tiré leur épingle du jeu. Les conditions de culture ayant été bonnes tout au long de la saison, les plantes étaient à parfaite maturité de floraison pour la fin octobre. Mais ce qui a surtout fait la différence, c'est l'image de cette catégorie de producteurs dans l'esprit des consommateurs. Au contraire des autres circuits de vente, si le client se déplace chez eux, c'est qu'il a déjà l'intention d'acheter, il sait qu'il va avoir en plus un conseil avisé et probablement un service de livraison ou d'installation au cimetière. La plupart de ces producteurs ont fait place nette en vendant tous leurs produits à un prix raisonnable. Du côté des circuits longs, les producteurs de végétaux en gros ont bénéficié de conditions de culture et d'expédition très satisfaisantes. Les réservations et les ventes ont été conformes aux attentes et les livraisons se sont bien déroulées dès le 15 octobre. Malheureusement, le bon élan s'est cassé net au milieu de la dernière semaine. Les clients ont pris les commandes prévues, mais il n'y a pas eu de réapprovisionnement.

La demande reste orientée vers des prix très tirés, au détriment des plus gros sujets présentés dans l'assortiment. Les producteurs grossistes craignent pour le paiement de leurs factures et comme le dit l'un d'eux : « Il ne faudrait pas que nous servions de variable d'ajustement par des demandes d'avoir, non justifiées, pour pallier le manque de ventes constaté lors du dernier week-end. »

Ce qui prouve aussi l'influence négative des dernières journées ensoleillées sur le niveau des ventes de chrysanthèmes, c'est le résultat très moyen des ventes ambulantes à la porte des cimetières.

Le commerce a souffert

Les ventes ont bien démarré dans les jardineries, mais elles ne se sont pas poursuivies comme prévu, principalement au cours des trois derniers jours. Le lundi 2 novembre, il restait encore des plantes dans les rayons. Correspondant au retour des vacances de la Toussaint et à la veille de la rentrée, le dernier week-end d'octobre très ensoleillé n'a pas favorisé la visite de ce type de points de vente. Les clients qui se déplacent au sein des jardineries, dans le cadre de cette fête, n'ont pas d'intention précise d'achat contrairement à ceux qui vont chez les producteurs détaillants. De plus, les rayons de Noël étant déjà largement installés, l'attention des consommateurs n'a pas été spécialement orientée vers les chrysanthèmes.

Les fleuristes constatent d'année en année la baisse de la demande de leurs clients pour ce genre de produits. Désormais sollicités par de multiples promotions en prix d'appel, les consommateurs achètent surtout dans les grandes surfaces. Peu de commandes et de demandes s'effectuent par les réseaux comme Interflora. La Toussaint n'est plus un jour de vente sortant de l'ordinaire pour ce circuit de distribution.

Les grandes surfaces ont systématiquement orienté leurs commandes vers les plus petits prix. Les quantités commandées sont identiques à celles de l'an passé avec un peu moins de plantes de plus grandes tailles. Les acheteurs des rayons ont préféré manquer plutôt que de risquer d'avoir des invendus.

Revaloriser les prix

En définitive, les ventes restent relativement stables au fil du temps, malgré la baisse du respect des traditions constatée chez les jeunes générations. La Toussaint constitue toujours un apport non négligeable en termes de trésorerie pour les producteurs avant l'entrée dans la période hivernale, mais ce marché n'améliore plus les marges des entreprises en raison des niveaux de prix toujours très tendus. La généralisation des actions promotionnelles de ce type de plantes par l'ensemble des acteurs provoque une baisse préoccupante du prix moyen, alors que l'offre et la demande sont équilibrées. Pourtant, le consommateur ne changerait pas sa décision d'achat s'il y avait une revalorisation des prix, qui permettrait à cette période de vente de jouer un rôle dans la consolidation des résultats.

Brand Wagenaar

De plus en plus présents Les cyclamens ont été très demandés cette année. Les prix étaient cependant assez tirés. PHOTO : ODILE MAILLARD

PHOTO : ODILE MAILLARD

Trop peu cultivés Pour les chrysanthèmes à grosses fleurs, l'offre devient insuffisante par rapport à la demande.

PHOTO : VALÉRIE VIDRIL

Conformes aux attentes Les ventes de bruyères se sont déroulées normalement, la production étant de très belle qualité. PHOTO : VALÉRIE VIDRIL

PHOTO : VALÉRIE VIDRIL

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